Anton Sunbrighter, Gosse

Extrait de Jedi Legacy. Comme je n'aime pas gâcher, je recycle, le personnage n'ayant pas été accepté là-bas.

Dans un grésillement de statique, la navette Lambda de ravitaillement du Legacy traversa le sas énergétique de la baie d'appontage principale. Lentement, le vaisseau descendit jusqu'à ce que son train d'atterrissage heurte le sol métallique. Les amortisseurs émirent un chuintement sonore en éjectant de fins jets de vapeur.

Le froid de l'espace avait gelé les parois métalliques de la coque, qui se reconvraient de givre au contact de l'humidité de l'air du quai. Derrière la verrière en transpacier du cockpit, les deux pilotes achevaient les dernières manœuvres de l'atterrissage avant de couper définitivement les moteurs, qui s'éteignirent en vrombissant sourdement.

Immédiatement, des droïds de levage des docks s'approchèrent du sas de l'appareil, s'apprêtant à décharger les marchandises. Le Legacy ne se ravitaillait pas souvent. Ses concepteurs Mon Calamarien l'avaient prévu capable d'effectuer des voyages illimités dans la galaxie, utilisant efficacement les dernières technologies de recyclage de l'air, de l'eau et des déchets. Mais la cuisine de l'autochef était répugnante de monotonie, et un peu de produits exotiques étaient toujours les bienvenus pour changer l'ordinaire.

Bien entendu, il fallait rester extrêmement prudent pour ces sorties qui mettaient en péril le secret de la position du grand vasseau mais c'était là aussi l'occasion d'un entraînement pour les apprentis Jedi du Legacy. Et les maîtres supervisaient en détail les opérations.

Tandis que la porte du sas de la soute s'ouvrait pour laisser entrer les droïds de levage dans la navette, le grondement des gigantesque moteurs luminiques du Legacy commença à faire trembler les pontons. Quelques instants plus tard, le gigantesque vaisseau Jedi plongeait dans l'hyperespace, empêchant du même coup tout suiveur éventuel de repérer sa position. Le saut ne dura pas longtemps mais quelques secondes en vitesse lumière suffisait à distancer n'importe quel appareil qui resterait dans l'espace normal. Et calculer une trajectoire en hyperespace dont on ignore les coordonnées était toujours du domaine de l'impensable.

À l'étroit dans sa caisse, Anton Sunbrighter sentit son estomac se soulever au moment de la barrière de l'hyperpropulsion. Il retint en un hoquet son envie de vomir. Jamais il n'avait supporté les voyages dans l'espace et il s'étonnait encore de son audace.

Quand il avait aperçu cet homme derrière le marché, il n'en avait d'abord pas cru ses yeux. La grande cape n'avait pas réussi à dissimuler la prestance féline du Jedi. Anton avait toujours idéalisé ces fiers chevaliers qui avaient si longtemps protégé l'Ancienne République. L'Empire les avait déclaré hors-la-loi mais Anton n'avait jamais compris cette décision : comment des héros pouvaient-ils devenir des brigands ?

Il n'avait pas réfléchi très longtemps. Le Jedi était visiblement en train de marchander l'achat de caisses de ravitaillement, il avait reconnu le symbole du bacta sur l'une d'entre elles. C'était certainement du matériel médical et vu la quantité, il était fort possible qu'il soit destiné à une communauté de Jedi.

S'approchant un peu, l'air innocent, l'adolescent avait remarqué que l'une des caisses était entrouverte. Il jeta un œil curieux à l'intérieur. Elle contenait des bombonnes transparentes où flottait un liquide bleuté, légèrement luminescent, avec quelques bulles mouvantes. Un cri l'avait interpelé alors.

« Hé, gamin ! Reste pas là ! Deguerpis ! »

Anton s'était redressé brutalement. C'était le marchand qui le regardait d'un air sévère. Il devait certainement le prendre pour un voleur à l'étalage... Après tout, il n'avait pas vraiment tord, car la vie n'était pas tous les jours très rose depuis le départ du Désespoir de l'orbite, après le bombardement de la capitale.

Derrière le commerçant, le Jedi regardait la scène, un sourire aux lèvres, l'air tranquille. Anton croisa son regard, admiratif et envieux. Il aurait aimer s'approcher pour parler avec lui mais la présence du marchant lui avait ôté tout courage.

Il s'était donc éloigné pendant que les deux autres avaient repris leur conversation. Mais la caisse ouverte lançait comme un appel au garçon. Jetant un coup d'œil sur le marchand et son client, tous les deux absorbés dans leurs tractations, il sétait décidé brutalement à revenir vers les bombonnes. Il en avait enlevé deux qu'il avait caché dans un coin du marché avant de se glisser dans la caisse et refermer le couvercle sur lui.

« J'irai chez les Jedi ! »

Une voix clair retentit au-dessus de lui.

« Allez, mon garçon, tu peux sortir, maintenant, on est arrivé ! »

Poussant le couvercle métalique, Anton découvrit le Jedi devant lui, qui le regardait d'un air amusé pendant que des droïds monte-charge vidaient la soute ouverte sur un vaste hangar.

Il était arrivé.

Un peu engourdi, le garçon se redressa lentement pour faire face au grand homme qui lui avait parlé. C'était le Jedi du marché, les mains sur les hanches, un léger sourire aux lèvres, comme un enfant ravi d'avoir gagné une partie de cache-cache.

L'attitude joyeuse de l'homme détendit légèrement Anton, qui restait assez effrayé. Après tout, il y avait tout de même une chance pour que les messages de l'holonet impérial soient vrais : les Jedi pouvaient bel et bien s'avérer être des fous sanguinaires... Finalement, il commençait à regretter d'avoir agi sans réfléchir : monter dans ce cargo n'était sans doute pas sa meilleure idée...

Derrière, sur le quai, d'autres gens s'approchaient. L'adolescent finit de sortir de sa caisse en se demandant quel sort lui était réservé...